Décision

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Primecorp Property Management Inc. c. Turgeon

2022 QCTAL 15102

 

 

TRIBUNAL ADMINISTRATIF DU LOGEMENT

Bureau dE Gatineau

 

No dossier :

620849 22 20220321 G

No demande :

3495855

 

 

Date :

25 mai 2022

Devant la juge administrative :

Anne A. Laverdure

 

Primecorp Property Management Inc.

 

Locatrice - Partie demanderesse

c.

Jack Turgeon

 

Locataire - Partie défenderesse

 

D É C I S I O N

 

 

CONTEXTE

[1]         La locatrice demande la résiliation du bail et l'expulsion du locataire, le recouvrement du loyer (2 000 $) ainsi que le loyer dû au moment de l'audience, plus l'exécution provisoire de la décision malgré l'appel, les intérêts et les frais.

[2]         Il s'agit d'un bail reconduit du 1er septembre 2021 au 31 août  2022 au loyer mensuel de 800 $, payable le premier jour de chaque mois.

QUESTIONS EN LITIGE

[3]         Le locataire fait-il défaut de payer son loyer depuis plus de trois semaines?

[4]         Le locataire paie-t-il fréquemment son loyer en retard et, si oui, la locatrice en subit-elle un préjudice sérieux?

ANALYSE ET DÉCISION

[5]         La preuve démontre que le locataire doit 2 415 $, soit le loyer de février (solde de 15,00 $) ainsi que mars, avril et mai 2022.

[6]         Le locataire admet devoir cette somme.

[7]         Le locataire est en retard de plus de trois semaines pour le paiement du loyer, la résiliation du bail est donc justifiée par l'application de l'article 1971 du Code civil du Québec.

[8]         Quant au deuxième motif de résiliation, la locatrice invoque les retards fréquents du locataire à payer son loyer. Elle mentionne que le loyer a été payé en retard à 12 reprises au cours des 12 derniers mois.


[9]         Ces défauts du locataire étant réguliers et continuels, la fréquence de ces retards rencontre les critères de l'article 1971 du Code civil du Québec.

[10]     Pour obtenir la résiliation pour ce motif, la loi impose aussi qu'elle fasse également la preuve du préjudice sérieux que ces retards lui occasionnent.

[11]     La locatrice témoigne des nombreuses démarches qu'elle a dû faire auprès du locataire pour percevoir le loyer.

[12]     Mis à part ces problèmes administratifs, la locatrice n'a pu détailler d'autres conséquences.

[13]     En employant le terme sérieux, le législateur a imposé une preuve exigeante à la locatrice. La perception tardive d'un loyer crée en soi un préjudice. Pour justifier la résiliation d'un bail, il faut donc que ce préjudice soit plus grand que les simples inconvénients occasionnés par tout retard. Cette preuve ne peut donc uniquement se fonder sur une simple allégation. Le préjudice peut être prouvé par une preuve documentaire, le cas échéant, et il doit être fondé sur des faits objectifs et précis. Dans les circonstances, le Tribunal conclut que la preuve soumise par la locatrice est insuffisante pour démontrer, par prépondérance de preuve, que les retards du locataire lui ont causé un préjudice pouvant être qualifié de sérieux. Ce motif de résiliation de bail est par conséquent rejeté.

[14]     Le Tribunal rappelle par contre au locataire son obligation légale de payer son loyer le premier de chaque mois en vertu de l'article 1903 du Code civil du Québec. Advenant d'autres défauts, la locatrice pourra réclamer à nouveau la résiliation du bail pour retards fréquents, et faire cette fois, la preuve du préjudice sérieux lui étant occasionné.

[15]     Ainsi, le bail ne sera pas résilié si le loyer dû, les intérêts et les frais sont payés avant la date du présent jugement, conformément aux dispositions de l'article 1883 du Code civil du Québec.

[16]     La preuve soumise quant à l'urgence exceptionnelle justifie l'exécution provisoire de la décision.

[17]     Les frais applicables sont adjugés contre la partie défenderesse selon le Tarif des frais exigibles par le Tribunal administratif du logement[1].

POUR CES MOTIFS, LE TRIBUNAL :

[18]     CONDAMNE le locataire à payer à la locatrice 2 415 $, plus les intérêts au taux légal et l'indemnité additionnelle prévue à l'article 1619 C.c.Q., à compter du 2 février 2022 sur 15,00 $, et sur le solde à compter de l'échéance de chaque loyer, plus les frais de 103 $;

À défaut de paiement du loyer, des intérêts et des frais avant la signature de la présente décision[2] :

[19]     RÉSILIE le bail et ORDONNE l'expulsion du locataire et de tous les occupants du logement;

[20]     ORDONNE l'exécution provisoire, malgré l'appel, de l'ordonnance d'expulsion à compter du 11e jour de la date de signature de la décision.

 

 

 

 

 

 

 

 

Anne A. Laverdure

 

Présence(s) :

la mandataire de la locatrice

Me Tanya Maria Da Costa, avocate de la locatrice

le locataire

Date de l’audience : 

9 mai 2022

 

 

 


 


[1]  En vertu de l'article 7 du Tarif des frais exigibles par le Tribunal administratif du logement, RLRQ, c. T-15.01, r. 6.

[2]  En vertu de l'article 1883 du Code civil du Québec.

AVIS :
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