Décision

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COMMISSION DES LÉSIONS PROFESSIONNELLES

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

COMMISSION DES LÉSIONS PROFESSIONNELLES

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

RÉGION :

Lanaudière

JOLIETTE, le 10 septembre 2001

 

 

 

 

 

 

 

DOSSIER :

151868-63-0012

DEVANT LA COMMISSAIRE :

Me Diane Beauregard

 

 

 

 

 

 

 

ASSISTÉE DES MEMBRES :

Madame Gisèle Lanthier

 

 

 

Associations d’employeurs

 

 

 

 

 

 

 

Monsieur Éric Lemay

 

 

 

Associations syndicales

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

ASSISTÉE DE L’ASSESSEUR :

Dr Michel Lesage

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

DÉLIBÉRÉ LE :

22 août 2001

 

 

 

 

 

 

 

 

DOSSIER CSST :

112940135

AUDIENCE TENUE LE :

24 juillet 2001

 

 

 

 

 

 

 

 

 

À :

Joliette

 

 

 

 

 

 

_______________________________________________________

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LUC LEFRANÇOIS

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

PARTIE REQUÉRANTE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Et

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

CONSTRUCTION ROBERT LEFRANÇOIS LTÉE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

PARTIE INTÉRESSÉE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

DÉCISION

 

 

[1]               Le 5 décembre 2000, monsieur Luc Lefrançois (le travailleur) dépose une requête à la Commission des lésions professionnelles à l’encontre d’une décision rendue le 29 novembre 2000 par la Commission de la santé et de la sécurité du travail (la CSST), suite à une révision administrative.

[2]               Par cette décision, la révision administrative confirme une décision que la CSST a initialement rendue le 9 février 2000 et déclare que le travailleur n’a pas subi de rechute, de récidive ou d’aggravation le 2 décembre 1999.  La révision administrative confirme en partie une autre décision que la CSST a rendue le 16 mai 2000 et déclare que l’incapacité du travailleur pour la décompression du tunnel carpien gauche débute le 2 mars 2000.

[3]               À l’audience, le travailleur est présent et représenté.  Construction Robert Lefrançois Ltée (l’employeur) est absent et non représenté.

[4]               Le 22 août 2001, le tribunal a reçu du représentant du travailleur un complément d’opinion du Dr Gilles Roger Tremblay.  C’est à cette date que la preuve a été prise en délibéré.

 

L'OBJET DU LITIGE

[5]               Le travailleur demande à la Commission des lésions professionnelles de déclarer qu’il a subi une rechute, une récidive ou une aggravation le 2 décembre 1999 et qu’il a droit à l’indemnité de remplacement du revenu à cette date puisqu’il est incapable d’exercer son emploi.  Plus précisément, il demande de reconnaître à titre de rechute, de récidive ou d’aggravation de la lésion au poignet droit aggravé, la lésion au poignet gauche, la lésion à l’épaule droite et l’épicondylite au coude droit.

 

LES FAITS

[6]               Le travailleur a soumis une réclamation pour une lésion professionnelle survenue le 2 juin 1997.  Le diagnostic reconnu à ce moment est un tunnel carpien droit plus important qu’à gauche.   Un électromyogramme effectué le 17 juin 1997 le confirmait.  Le 22 août 1997, il subit une chirurgie de décompression au niveau du canal carpien droit ainsi qu’une infiltration au niveau de l’épicondyle externe du coude droit.

[7]               Le Dr Rousseau complète le rapport final et consolide cette lésion au 3 décembre 1997.  Au rapport d’évaluation médicale complété le 15 décembre 1997, à l’examen clinique, il constate que :

« L’amplitude de mouvements au niveau de la colonne cervicale est complètement normale et non douloureuse.  Il n’y a aucune anomalie au niveau des épaules.  Les mesures des circonférences tant au niveau du bras qu’au niveau de l’avant-bras ne dénotent aucun signe d’atrophie; on peut même remarquer une légère hypertrophie du côté de l’avant-bras droit avec une circonférence de cinq millimètres plus grand à 15 centimètres au-dessus de la styloïde radiale.  L’amplitude de mouvement au niveau du coude est complètement normale tant en ce qui concerne la flexion et l’extension que la pro - supination.  Au niveau du poignet droit, on remarque une dorsi-flexion à 60 degrés versus 60 degrés du côté gauche et la flexion palmaire est à 70 degrés de façon bilatérale.  La manœuvre de Tinel et Phélan est négative.  La cicatrice mesure cinq centimètres avec une bifurcation en pointe du côté cubital au niveau du pli du poignet.  Elle est non-chéloïde, non adhérante.  Le patient présente aussi une douleur à la palpation de l’épicondyle externe du coude droit, mais cette dernière est minime et est très localisée. » (sic)

 

 

[8]               Il conclut en notant que le travailleur remarque une disparition complète des engourdissements au niveau de sa main, mais il y a toutefois la présence d’une douleur résiduelle au niveau de cette dernière de même qu’au niveau de l’épicondyle externe du coude droit.  Ce tableau douloureux n’est toutefois pas objectivable d’une quelconque façon à l’examen physique. Il accorde un déficit anatomo-physiologique de 3 %, soit 1 % pour tunnel carpien avec décompression du côté droit sans séquelle fonctionnelle, 1 % pour tunnel carpien gauche sans décompression et 1 % pour la bilatéralité.  Il ne reconnaît aucune limitation fonctionnelle.

[9]               Le travailleur devient capable d’exercer son emploi le 6 janvier 1998 tel que confirmé par la Commission des lésions professionnelles dans une décision du 23 décembre 1999 (CLP 106011-72-9810).

[10]           Le 4 février 1998, un électromyogramme est effectué et se lit ainsi :

« (…)

IMPRESSION :  Cette étude électrophysiologique démontre une tendance à la réduction des vélocités de conductions sensitivomotrices obtenue du segment distal du médian droit ces valeurs se situant à la limite inférieure de la normale en post-opératoire d’un syndrome du tunnel carpien droit.  Les autres conductions nerveuses sensitivomotrices et latences des ondes F des membres supérieurs droit et gauche sont normales avec une vélocité de conduction motrice au segment distal du médian gauche dans la normale inférieure.  Par ailleurs, l’analyse électromyographique de l’abductor pollicis brévis droit dans le territoire du médian droit n’a révélé aucune dénervation mais de légers changements neurogènes chroniques sont perceptibles au recrutement du muscle. »

 

[11]           Le 11 mars 1998, le Dr Imbeault recommande la passation d’un électromyogramme, d’une résonance magnétique et d’une carto-osseuse.

[12]           Le 16 mars 1998, un électromyogramme est effectué en raison de l’apparition d’engourdissements au niveau des 4e et 5e doigts de la main droite.  Dr Josée Fortier conclut qu’il y a prolongation de la latence sensorielle au niveau du nerf médian gauche ainsi qu’au niveau du médian droit.  Le reste de l’examen est sans particularité.  Il n’y a aucun signe de dénervation mis en évidence au test.

[13]           Une scintigraphie osseuse des membres supérieurs est effectuée le 20 mars 1998.  Il y a une hypercaptation légère à modérée localisée dans la région du pisiforme gauche traduisant un phénomène post-traumatique ou bio-mécanique dans cette région.

[14]           Le 10 avril 1998, une résonance magnétique du poignet et de la main droite est effectuée  et interprétée ainsi :

« Conclusion :

 

Changements post-opératoires du tunnel carpien avec un tunnel qui reste un peu mince avec un signal normal dans le nerf médian comme tel.

 

Kyste ganglionnaire au niveau de l’aspect proximal et volar du scaphoïde ainsi qu’un kyste ganglionnaire juste palmaire au scaphoïde.

 

Déchirure intra-substance de l’extensor carpi ulnaris dans son trajet au niveau des os du carpe.

 

Anomalies de morphologie et du signal du semi-lunaire qui peut être compatible avec un syndrome d’impaction ou bien une maladie de Kienbock.

 

Pour mieux évaluer ces possibilités, on recommande de faire quelques coupes du semi-lunaire en stir.

 

Addendum :

Nous avons rappelé le patient pour faire quelques séquences en stir en coronal.

 

Sur l’examen actuel, on ne voit aucun rehaussement dans le semi-lunaire au niveau de la face dorsale et radiale.  Donc, les changements dans le semi-lunaire sont davantage compatibles avec peut-être le commencement d’un syndrome d’impaction ulnarienne qu’une maladie de Kienbock. » (sic)

 

 

[15]           Le 6 mai 1998, Dr Imbault revoit le travailleur et note une faiblesse au niveau du poignet droit.  En raison de la résonance magnétique positive, il réfère le travailleur en plastie.

[16]           Le 15 juin 1998, le travailleur est examiné par le Dr Harris qui note l’existence d’une douleur au poignet droit et une fatigabilité.  Il réfère le travailleur en ergothérapie.

[17]           Le 1er juillet 1998, une évaluation en ergothérapie est effectuée par monsieur Pierre Girard.  Il constate que le travailleur conserve des douleurs au poignet droit et à la région cervicale après le moindre effort, il recommande donc un changement de travail.

[18]           Le 14 juillet 1998, le Dr Imbeault note le fait que le travailleur a des difficultés fonctionnelles.  Il complète le rapport final où il consolide la névrite médiane opérée le 20 juillet 1998 avec des limitations fonctionnelles et une atteinte permanente.  Il recommande un changement de travail en ébénisterie.

[19]           Le 9 septembre 1998, le Dr Therrien voit le travailleur et note l’existence de paresthésie nocturne ou à l’effort post-opératoire.  Il recommande des traitements de physiothérapie.

[20]           Le 5 décembre 1999, le travailleur soumet une réclamation à la CSST pour une rechute survenue le 2 décembre 1999.  Il indique qu’il existe une douleur persistante et des engourdissements.  Il consulte le Dr Boucher qui diagnostique une rechute du tunnel carpien droit ainsi qu’au niveau de l’épicondyle du coude droit.  Il note l’augmentation d’une douleur à l’épaule et le fait que depuis le retour au travail, le travailleur connaît une augmentation des limitations fonctionnelles qui l’empêche d’accomplir son travail habituel de menuisier.  Il réfère le travailleur en physiatrie.

[21]           Le 20 décembre 1999, le Dr Imbeault examine le travailleur et diagnostique une cervicalgie et une tendinite acromio-claviculaire droite.  Il recommande une arthroscopie et une cartographie de l’épaule droite.

[22]           Le 19 janvier 2000, suite à un électromyogramme, le Dr Leclair indique l’existence d’un syndrome du canal carpien surtout à gauche et l’existence d’une perte nerveuse au niveau du côté droit, mais de façon légère.

[23]           Le 19 janvier 2000, le Dr Boucher réitère l’existence de la rechute tant au niveau du tunnel carpien droit et de l’épicondylite droite et l’existence d’une douleur à l’épaule droite.

[24]           Le 24 février 2000, le Dr Imbeault note que la condition du travailleur est améliorée par infiltration au niveau de l’acromio-claviculaire.  Il indique toutefois que le travailleur sera opéré pour un tunnel carpien gauche.

[25]           Le 22 février 2000, le Dr Boucher réitère le fait que le travailleur a une rechute de son tunnel carpien droit, de son épicondylite droite et de sa tendinite à l’épaule droite.  Il précise qu’il bénéficiera de chirurgie, mais qu’il doit également bénéficier de réadaptation.

[26]           Le 28 avril 2000, le Dr Tremblay examine le travailleur à la demande de son représentant.  Son examen physique permet de constater ce qui suit :

 

 

« (…) EXAMEN PHYSIQUE :

 

L’examen physique révèle un homme de 5 pieds 5 pouces et quart, pesant 155 livres, droitier, qui collabore bien à l’examen.

 

À l’inspection, la ceinture scapulaire est d’aplomb et la lordose cervicale est préservée.

 

À la palpation, l’on retrouve une douleur au niveau des deux trapèzes, mais beaucoup plus marquée à droite qu’à gauche.

 

Il y a aussi douleur à la palpation de toute la fosse sus-épineuse de l’omoplate droite.

 

Les mouvements cervicaux démontrent une flexion complète, une extension complète, une rotation droite à 60 degrés, alors que la gauche bloque à 40 degrés, une inclinaison latérale droite à 40 degrés, alors que la gauche bloque à 20 degrés environ.

 

Le blocage des mouvements vers la gauche est causé par une douleur référée à la pointe de l’épaule droite.

 

Activement, monsieur Lefrançois limite les mouvements du membre supérieur droit, mais lorsqu’on lui demande, il est capable d’obtenir 120 degrés d’abduction, mais avec un arc douloureux entre 70 et 120 degrés d’abduction.

 

L’élévation antérieure présente de même un arc douloureux entre 90 et 130 degrés d’élévation antérieure et n’atteint que 140 degrés.

 

Avec le bras soutenu à 90 degrés d’abduction, la rotation externe bloque à 60 degrés, alors que la rotation interne bloque à 20 degrés.

 

L’abduction n’est pas particulièrement douloureuse, mais la pression sur l’articulation acromio-claviculaire droite est douloureuse.

 

Au niveau de ses membres supérieurs comme tel, l’on note une douleur vive à la palpation de l’épicondyle droit, avec douleurs reproduites à ce site par la dorsi-flexion du poignet contre résistance et la dorsi-flexion des doigts contre résistance avec le coude en extension.

 

Avec le coude en flexion, seule la dorsi-flexion du poignet provoque une douleur à l’épicondyle et, dans la même position, la supination contre résistance provoque une douleur référée aussi à l’épicondyle.

 

À gauche, il n’y a pas de douleur.

 

Au niveau des deux mains, l’on note, à droite, une cicatrice chirurgicale de 5 centimètres de long, bien guérie, mais adhérente au plan profond, avec une légère atrophie de l’éminence thénarienne comparée à l’éminence thénarienne gauche.

 

Il y a un signe de Tinel évident au niveau de la cicatrice et au niveau de la face antérieure du poignet droit.

 

Il y a aussi un signe de Tinel fortement positif à gauche.

 

Il y a une diminution objective de la sensibilité au niveau du pouce, de l’index et du majeur à droite, et au niveau du pouce, de l’index et du majeur à gauche.

 

Il n’y a pas, aujourd’hui, de signe de Tinel à la percussion de la gouttière rétro-épitrochléenne de façon bilatérale. (…) » (sic)

 

 

[27]           Il conclut que le diagnostic à retenir en relation avec la lésion professionnelle de 1997 est celui de tunnel carpien bilatéral et d’épicondylite droite. 

Toutefois, le diagnostic à retenir en relation avec l’aggravation du 2 décembre 1999, est celui de tunnel carpien droit opéré avec récidive de tunnel carpien gauche, d’épicondylite droite et d’accrochage sous-acromial droit.  Il croit qu’il y a une relation très nette entre le tunnel carpien bilatéral et l’épicondylite droit et le travail effectué et il juge aussi qu’il y a une relation très nette entre le syndrome d’accrochage à l’épaule droite et le travail effectué après le retour au travail étant donné que le travailleur a favorisé des activités avec les bras au-dessus de la position horizontale.  Il est d’avis que les lésions ne sont pas consolidées, mais qu’il y aura certainement aggravation des limitations fonctionnelles.

[28]           Le 3 mai 2000, le travailleur subit une intervention chirurgicale visant à la décompression du tunnel carpien gauche.

[29]           Le 12 juin 2000, le Dr Boucher, médecin ayant charge du travailleur, est invité à compléter une demande d’information médicale écrite.  Il est d’avis qu’en raison des douleurs toujours présentes, la lésion n’est pas consolidée et il réfère le travailleur au Dr Imbeault.

[30]           Le 20 juin 2000, le Dr Caughlin examine le travailleur pour l’épaule droite.  Il diagnostique une tendinite de la coiffe des rotateurs droite et ne prévoit aucune chirurgie à ce niveau.  Il note un problème à l’épicondyle du coude droit et un syndrome du tunnel carpien.

[31]           Le 21 juin 2000, le Dr Pierre Major examine le travailleur à la demande de la CSST.  Il est d’avis que le travailleur demeure incapable d’exercer son emploi à cause des problèmes au membre supérieur droit.  Pour le tunnel carpien gauche, il est d’avis que la lésion n’est pas consolidée.  Il est d’accord pour la poursuite des traitements en ergothérapie pour quatre à six semaines.  Quant à lui, il juge qu’il est trop tôt pour déterminer si le travailleur conservera une atteinte permanente et des limitations fonctionnelles.

[32]           Le 31 août 2000, le Dr Tremblay fournit un complément d’expertise concernant l’épaule et il note qu’il existe un léger rétrécissement du défilé sous-acromial par un éperon à l’articulation acromio-claviculaire à cause des bras élevés que le travailleur maintient ainsi depuis le retour au travail léger.  Il est d’avis que si le travailleur n’avait pas maintenu cette position, il n’aurait pas développé ce problème à l’épaule.

[33]           Le 5 septembre 2000, le Dr Major examine le travailleur à la demande de la CSST.  Son examen clinique permet de constater :

«À l’inspection des membres supérieurs, il n’y a pas de spasmes, d’œdème ou de gonflement, il n’y a pas d’asymétrie de noté.  À la palpation, au niveau de l’épaule droite, la douleur est nettement à la région de l’articulation acromio-claviculaire.  Une légère sensibilité est également retrouvée à la face externe de l’épaule droite.  Aucune déformation, œdème ou asymétrie n’est mise en évidence.  Nous obtenons des amplitudes articulaires normales et ce, dans tous les axes.

Les manœuvres d’abduction de l’arc 90° et d’adduction provoque des douleurs à la région acromio-claviculaire.  Une légère sensibilité à la fois acromio-claviculaire et au niveau de la pointe de l’acromion est retrouvée à la manœuvre de Hawkins.  Le Jobe est négatif et la rotation externe contre résistance ne provoque pas de douleur.

 

Nous notons qu’aujourd’hui, aucune plainte spécifique n’est rapportée concernant le coude droit comme tel, mais le patient me fait remarquer qu’il ne travaille pas déjà depuis plusieurs mois.  Le coude présente des amplitudes articulaires normales à la fois dans les mouvements de flexion, extension et de pro-supination.»

 

 

[34]           Il conclut qu’en regard du diagnostic, le travailleur est affligé d’une atteinte dégénérative acromio-claviculaire ou post-traumatique.  Il y a de légers symptômes sous-jacents affectant la coiffe, mais il est d’avis qu’aucune bursite ou tendinite ne domine le tableau clinique.  Les symptômes à ce niveau sont secondaires à l’inflammation acromio-claviculaire.  Il est d’avis aussi qu’il est trop tôt pour consolider la lésion acromio-claviculaire. Il recommande la poursuite des traitements dont notamment, des infiltrations et la poursuite d’investigation au niveau de l’épaule.  Il est trop tôt pour parler de limitations fonctionnelles.  Toutefois, au niveau du coude droit, il note qui n’est pas impossible que le travailleur présente des phénomènes d’épicondylite à l’effort, il y a suffisance de traitements à ce niveau. 

[35]           Le 14 novembre 2000, le Dr Major revoit le travailleur et note l’existence d’une pathologie acromio-claviculaire qui n’est pas en relation avec le tunnel carpien bilatéral.

[36]           Le 14 décembre 2000, le Dr Boucher complète le rapport final et consolide les lésions au 14 décembre 2000 avec atteinte permanente et limitations fonctionnelles.  Il réfère le travailleur à un orthopédiste pour évaluation des capacités résiduelles.

[37]           Le 12 février 2001, une scintigraphie osseuse est pratiquée en raison de douleurs aux deux épaules plus importantes à droite qu’à gauche.  L’examen est compatible avec une légère inflammation de l’articulation acromio-claviculaire droite.

[38]           Le 15 février 2001, le Dr Tremblay émet son avis concernant l’existence des limitations fonctionnelles qui préviendront une rechute.  Il croit que le travailleur devrait éviter des efforts de plus de dix kilogrammes avec les membres supérieurs.  Il devrait également éviter les mouvements répétitifs de flexion-extension et de pronation-supination des deux poignets.  De plus, le travailleur devrait éviter l’exposition aux outils vibrateurs et, à cause de la pathologie de l’épaule qui s’est développée comme une complication de la pathologie du tunnel carpien, il recommande donc qu’il évite d’avoir le bras droit au-dessus de la position horizontale et qu’il évite les mouvements répétitifs ou à grande amplitude de l’épaule droite.

[39]           Le 4 mai 2001, le travailleur passe une résonance magnétique de l’articulation acromio‑claviculaire. 

Il est noté que le travailleur conserve une légère atteinte inflammatoire au niveau de l’articulation acromio-claviculaire qui bombe un peu inférieurement et qui pourrait entraîner un syndrome d’accrochage compte tenu qu’il est noté une perte de la graisse à ce niveau sur quelques coupes.  Il est également indiqué que cette atteinte inflammatoire pourrait être en relation avec une discrète bursite sous-deltoïdienne antérieure non loin de cette région.  Toutefois, les muscles et tendons de la coiffe des rotateurs apparaissent, quant à eux, intacts.

[40]           Le 14 juin 2001, le Dr Claude Le Bouthillier note que le travailleur est affligé d’une arthrose acromio-claviculaire droite et d’une tendinite de l’épaule gauche avec cervicalgie secondaire.  Il recommande des traitements de physiothérapie.

[41]           Le 15 juin 2001, le travailleur débute des traitements de physiothérapie.  Il est noté au rapport de ce service que le travailleur présente une douleur aux deux épaules, plus importante à gauche qu’à droite, depuis deux à trois ans, en fait, depuis la chirurgie pour tunnel carpien bilatéral.

[42]           Le 9 août 2001, le Dr Tremblay émet son avis après avoir pris connaissance des résultats de la résonance magnétique de l’épaule droite.  Il précise que le diagnostic d’accrochage sous acromial est confirmé par cet examen objectif.  Selon lui, le travailleur a subi une atteinte des tissus mous en travaillant les bras au-dessus de la position horizontale.

[43]           À l’audience, le travailleur explique qu’avant juin 1997, il n’avait jamais eu de problème au coude et à l’épaule si ce n’est un peu d’engourdissement depuis 1984.  En juin 1997, il a commencé à ressentir des engourdissements des doigts aux épaules surtout la nuit puis, tout le temps par la suite.  La douleur était plus importante à droite qu’à gauche.  Il avait des douleurs au coude droit lorsqu’il effectuait des mouvements répétitifs. 

[44]           Il explique être menuisier dans le secteur résidentiel.  Il travaillait avec le marteau à percussion ce qui occasionnait un contrecoup à la pose de chaque clou.  Il posait environ une roulette de 500 clous en 45 minutes.  Il évalue le temps à la pose de clous à 70 % du temps de travail comparativement à 30 % pour la mise en place du matériel et autres travaux connexes.

[45]           Il explique que la CSST a accepté le tunnel carpien bilatéral et l’épicondylite droite.  Il a tenté de reprendre le travail puisque la Commission des lésions professionnelles a jugé qu’il en était capable toutefois il soutient qu’il n’avait plus la même capacité.  Il a donc demandé à son frère qui est l’employeur de l’affecter à des travaux légers.  Dans les faits, entre le 6 janvier 1998, date à laquelle il est redevenu capable d’exercer son emploi, et le 2 décembre 1999, il a travaillé 10 semaines à raison de 15 à 16 heures par semaine.  Il a effectué la pose de laine minérale, de portes intérieures, de revêtement extérieur en vinyle et il a effectué des travaux de finition. 

Il déclare qu’il devait forcer de l’épaule parce qu’il n’avait pas de force dans la main droite.  Il devait également maintenir son bras plus haut que la hauteur de l’épaule lors de la pose de la laine minérale et clouer le vinyle au-dessus de sa tête avec un marteau.  Les efforts ainsi fournis ont provoqué le 2 décembre 1999 des douleurs à l’épaule droite, au coude droit et aux mains.  Il n’avait plus de force.  Son poignet droit était douloureux, il n’avait plus d’endurance et se fatiguait vite.  Le gauche était engourdi et douloureux.  Son coude droit était également douloureux particulièrement à la face externe. 

[46]           Il déclare ne pas avoir travaillé en 1998 parce qu’il y a eu poursuite d’investigation.  Il n’a pas repris le travail depuis 1999.  Il déclare avoir ressenti des douleurs à l’épaule gauche suite à l’intervention chirurgicale au poignet gauche.  Il ressent constamment une douleur qui le réveille la nuit.

 

L'AVIS DES MEMBRES

[47]           Le membre issu d’associations de travailleurs et le membre issu d’association d’employeurs sont d’avis que le tunnel carpien droit a été aggravé à compter du 2 décembre 1999 en ce sens, le travailleur est devenu incapable d’exercer son emploi à cette date.

[48]           Quant au tunnel carpien gauche, il constitue une lésion professionnelle.  Toutefois, ce diagnostic ayant été retenu pour la première fois le 19 janvier 2000, ils le reconnaissent à cette date.

[49]           Concernant le coude droit, il n’y a pas de preuve objective permettant de conclure que le travailleur a pu aggraver son épicondylite.

[50]           Quant à l’épaule droite, ils sont d’avis que cette lésion ne constitue pas une lésion professionnelle puisque la sollicitation à laquelle réfère le travailleur, n’est pas une sollicitation suffisante pour provoquer cette lésion.  Elle ne peut être reliée au travail.  Ils ne retiennent pas l’avis du Dr Tremblay compte tenu que ce dernier ne fait pas référence à la faible sollicitation mise ne preuve.  De plus, ils constatent que le travailleur a développé un problème similaire à l’épaule gauche depuis mai 2000 sans qu’il n’ait repris le travail.

 

 

 

LES MOTIFS DE LA DÉCISION

[51]           La Commission des lésions professionnelles doit déterminer si le travailleur a subi une rechute, une récidive ou une aggravation le 2 décembre 1999.  Plus précisément, la Commission des lésions professionnelles doit déterminer si le travailleur a connu une rechute au niveau du tunnel carpien droit opéré, au niveau d’un syndrome du tunnel carpien gauche et d’une épicondylite du coude droit.  La Commission des lésions professionnelles doit aussi déterminer si le travailleur a subi une nouvelle lésion à l’épaule droite en raison de la nature du travail qu’il a effectué suite à son retour au travail.  Enfin, elle doit déterminer la date à laquelle le travailleur demeure incapable d’exercer son emploi.

[52]           La loi ne définit pas les termes rechute, récidive ou aggravation, il faut donc retenir leur sens courant, soit une reprise évolutive, une réapparition ou une recrudescence d’une lésion ou de ses symptômes.  Une preuve médicale prépondérante est donc nécessaire pour établir une relation de cause à effet entre la rechute, récidive ou aggravation alléguée et la lésion d’origine.

[53]           En l’instance, en ce qui concerne le tunnel carpien gauche, cette lésion a été reconnue par la CSST.  Seule la date de la reconnaissance de la lésion cause problème.  La lésion était connue depuis l’événement du 2 juin 1997 mais l’intervention chirurgicale n’avait pas eu lieu à ce moment.  La Commission des lésions professionnelles constate que suite à la consolidation de cette lésion le 3 décembre 1997, ce n’est que le 19 janvier 2000 que le médecin ayant charge du travailleur diagnostique à nouveau ce problème.  C’est donc à cette date qu’il faut reconnaître cette lésion.  La preuve démontre également que le travailleur était incapable d’exercer l’emploi qu’il occupait en raison notamment de cette lésion.  Bien que l’intervention chirurgicale ait été pratiquée ultérieurement, rien ne permet de croire que le travailleur était capable d’exercer son emploi entre le 19 janvier 2000 et le 3 mai 2000 date de la chirurgie pour décompression du canal carpien.  La Commission des lésions professionnelles conclut donc que le travailleur a subi une rechute, récidive ou aggravation le 19 janvier 2000, soit un tunnel carpien gauche qui a rendu le travailleur incapable d’exercer l’emploi occupé  à cette date.

[54]           Pour ce qui est du tunnel carpien droit, la Commission des lésions professionnelles estime que cette lésion s’est aggravée depuis la chirurgie.  De fait, dès la résonance magnétique du 10 avril 1998, il était possible de noter des anomalies de morphologie et du signal du semi-lunaire pouvant être compatibles avec un syndrome d’impaction ou une maladie de Kienbock.  Une investigation plus poussée a permis d’éliminer cette dernière, reste donc le syndrome d’impaction qui peut expliquer la perte nerveuse au poignet observée à l’électromyogramme du 19 janvier 2000 et la diminution objective de la sensibilité de la main droite constatée le 29 avril 2000. 

[55]           En ce qui a trait à l’épicondylite au coude droit, la Commission des lésions professionnelles est d'avis que la preuve n’est pas concluante quant à l’existence d’une rechute, récidive ou aggravation à ce niveau.  Outre la douleur alléguée par le travailleur, rien ne permet de l’objectiver.  De plus, du témoignage de ce dernier, il n’a bénéficié d’aucun traitement pour cette douleur.

[56]           Reste la lésion à l’épaule droite, soit l’accrochage sous-acromial droit.  Le travailleur soutient qu’il a développé cette pathologie en raison de sa lésion professionnelle au poignet droit qui l’obligeait à utiliser davantage son épaule pour contrer la fatigue et le manque de force qu’il ressentait à son poignet droit lors du retour au travail en 1999.  Il soutient également que le type de travail qu’il a dû accomplir nécessitant d’avoir les bras au-dessus des épaules est à l’origine de cette lésion.  La Commission des lésions professionnelles n’est pas de cet avis.  Elle estime que le faible nombre d’heures de travail effectuées en 1999, soit 10 semaines de travail en raison de 15 à 16 heures par semaine, donc entre 150 et 160 heures de travail, n’est pas significatif pour engendrer la lésion diagnostiquée.  De plus, bien que le travailleur ait pu travailler les bras au-dessus des épaules pour la pose de la laine minérale ou du revêtement extérieur, il n’a pas été mis en preuve qu’il devait faire cette pose uniquement au plafond ou à une hauteur excédant toujours  les épaules ce qui réduit d’autant plus le nombre d’heures travaillées sollicitant la structure de l’épaule.  En ce sens, il n’y a pas eu d’utilisation importante ou excessive des structures de l’épaule droite.

[57]           La Commission des lésions professionnelles a pris en considération l’opinion émise par le Dr Tremblay qui établit un lien direct entre le travail effectué par le travailleur, les bras au-dessus de l’horizon et la lésion à l’épaule toutefois, elle ne peut accorder de force probante à cet avis puisqu’il ne réfère aucunement au faible nombre d’heures travaillées réparties sur plusieurs semaines.

[58]           Par ailleurs, la Commission des lésions professionnelles constate que le travailleur qui n’est jamais retourné en emploi depuis 1999 a développé, depuis ce temps, un problème à l’épaule gauche ce qui laisse douter encore plus que le problème à l’épaule droite puisse découler du travail effectué en 1999.

[59]           De ce fait, la Commission des lésions professionnelles conclut que la lésion à l’épaule droite ne découle pas de la nature du travail effectué par le travailleur en 1999, suite à l’opération subie pour une décompression du canal carpien droit pas plus qu’elle ne découle directement du tunnel carpien bilatéral.  Sur ce dernier aspect, la Commission des lésions professionnelles retient l’opinion du Dr Major qui n’établit pas de lien avec le tunnel carpien bilatéral.

 

PAR CES MOTIFS, LA COMMISSION DES LÉSIONS PROFESSIONNELLES :

ACCUEILLE en partie la requête de monsieur Luc Lefrançois du 5 décembre 2000 ;

INFIRME la décision de la révision administrative du 29 novembre 2000 ;

DÉCLARE que monsieur Luc Lefrançois a subi une rechute, récidive ou aggravation le 2 décembre 1999, soit une récidive de tunnel carpien droit qui le rend incapable d’exercer l’emploi occupé à cette date ;

DÉCLARE que monsieur Luc Lefrançois a subi une rechute, récidive ou aggravation, soit un tunnel carpien gauche diagnostiqué le 19 janvier 2000 et qui le rend incapable d’exercer l’emploi occupé à cette date ;

DÉCLARE que l’épicondylite du coude droit n’a pas été aggravée le 2 décembre 1999 ; et

DÉCLARE que l’accrochage sous-acromial de l’épaule droite n’est pas une lésion professionnelle.  Il ne découle pas de la lésion professionnelle du 2 juin 1997 ni du travail effectué par le travailleur depuis cette lésion.

 

 

 

 

 

DIANE BEAUREGARD

 

Commissaire

 

 

 

 

 

(Me André Laporte)

 

Représentant de la partie requérante

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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